mercredi 26 février 2014

Guéret, une misère qui se dévoile

En octobre 2013, le plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale pointe du doigt le département de la Creuse. La pauvreté est ainsi plus forte en Creuse que dans les deux autres départements du Limousin (Corrèze, Haute-Vienne) puisqu'elle touche 1 ménage sur 5 et un enfant sur 4 (données INSEE 2010). Avec un taux de chômage de 13,4% (9,3% au national), Guéret est l'écho des difficultés sociales rencontrées par nos concitoyens en matière d'accès à l'emploi, mais aussi en matière d'accès au logement. C'est ainsi que les Echos ont récemment noté 2/20 la politique du logement de la Ville de Guéret (moyenne nationale 5/20).

 Cette misère nous a véritablement sauté aux yeux au cours de l'été 2013, lorsque le ministre de la ville, François Lamy, a présenté le nouveau critère d'attribution des aides de l’État aux zones prioritaires, classant ainsi certains quartiers Guérétois comme prioritaires. En expliquant que le dispositif ne concernaient que des quartiers où plus de 50% de la population vit avec moins de 60% du revenu fiscal médian national (soit 11 250€ par an). Vous imaginez ???

Et c'est bien là qu'on s'interroge. Voilà trente ans que l'on remarque que la pauvreté s'amplifie partout en France et que contrairement à d'autres villes, elles aussi entrées dans le classement des « priorités », Guéret n'a pas connu de véritable « désindustrialisation ». Certains ont considéré cette aide comme une sorte de bénédiction, en y voyant la possibilité de donner de l'emploi aux jeunes. A voir maintenant si les emplois en question seront pérennes ! Mais sérieusement, il n'y a pas à se réjouir d'une telle aide, c'est une preuve d'échec politique indéniable. Le constat d'une politique sociale qui n'est certainement pas allée au bout de sa réflexion, qui n'a pas su ou pu mettre en marche les bons leviers au bon moment.

Où sont les programmes de lutte contre l'exclusion, la pauvreté et les discriminations ? Le fonds social européen (FSE) permettant de mettre en œuvre des dispositifs d'inclusion sociale et de réinsertion à tous les échelons territoriaux ? Entre 2007 et 2013, pas de financement pour des projets municipaux... L'exclusion se limite-t-elle à la pauvreté alors qu'on sait qu'actuellement l'exclusion sociale peut être liée à une rupture du lien familial en raison par exemple de l'orientation sexuelle ou de l'existence d'une maladie (SIDA) ? Tant de questions restent suspendues...

Le gouvernement socialiste prévoit de diminuer de 3 milliards d'euros ses dotations aux collectivités en 2015, alors qu'à cela s'ajoutent des coûts nouveaux comme la hausse des cotisations employeur ou l'organisation de la réforme des rythmes scolaires. C'est un sérieux coup porté aux politiques locales. Et il faudra attendre fin 2014 pour que de nouvelles solutions de financement soient trouvées. Les difficultés ne feront que s'accroître pour les collectivités, les associations comme pour les particuliers ! Les villes devront ainsi maintenir leur action sans aucune marge de manœuvre, devront éviter d'alourdir un peu plus la facture des ménages, devront hiérarchiser leurs sources de financement et surtout seront amené à construire des projets rationnels et raisonnables sur le long terme ou à repousser leur désir de construire de nouveaux projets... Il va donc falloir être vigilants et actifs en matière d'action sociale. La solidarité est un devoir moral.

Au cours de cette campagne, surtout, n'oublions pas les 19,44% de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté en Creuse, certains vivent à Guéret !!! Ils sont là, peu visibles parfois, mais comment rester inactifs face à cette précarité ? La crise n'aide certainement pas, mais tous ces mandats n'ont pas non plus suffit, il reste encore de sérieux progrès à faire !

Emeline BROUSSARD

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